Beaucoup ignorent encore l’impact du numérique sur l’environnement. Heureusement que ce constat a été fait assez tôt. Il n’est donc pas trop tard pour instaurer un Internet respectueux de l’environnement. Les principaux acteurs du Web, dont les moteurs de recherche et les plates-formes de réseaux sociaux, ont commencé à œuvrer dans ce sens.
Un problème identifié depuis plus de 20 ans
L’année 2005, les Nations Unies ont estimé qu’en 2010, 2 milliards de personnes utiliseraient Internet. Cela représente une hausse de 444,8 % sur la période allant de 2000 à 2010.
Le fait que toute la planète accèderait un jour à Internet était une bonne nouvelle. Malheureusement, il y a le revers de la médaille: des problèmes écologiques futurs. C’est que la consommation énergétique mondiale augmente avec celui du nombre d’Internautes, du moins, c’est une des raisons de cette augmentation. Les effets seraient alors catastrophiques sur l’environnement.
À en croire les données communiquées par Kualo, on dénombre 3,5 milliards d’internautes en 2017. Même si visiblement les prévisions de l’ONU ne se sont pas réalisées, cela reste un chiffre énorme. Cette utilisation massive d’Internet induit des impacts écologiques négatifs non négligeables en raison, entre autres, des besoins énergétiques qu’elle impose. Et c’est sans compter la hausse de l’empreinte carbone qu’elle implique. On sait aussi qu’en 2020, il y aura trois fois plus de trafics sur Internet.
Quelques chiffres ahurissants ont été dévoilés par WordStream Inc concernant l’impact du numérique sur l’environnement aux États-Unis.
Entre 2000 et 2006, la consommation énergétique imputée à Internet avait augmenté de 200%. Le phénomène allait de pair avec une hausse du trafic sur le Net.
En 2006, la consommation énergétique des centres de données américains avait atteint des proportions démesurées: 61 milliards de kWh d’énergie électrique sur seulement 12 mois. Toute cette énergie était nécessaire pour réussir à satisfaire les 10,3 millions d’internautes aux USA.
Pour comparaison, cette consommation de 2006 est suffisante pour alimenter le Royaume-Uni en électricité durant 2 mois sans interruption. L’énergie électrique dévorée par un centre de données sert principalement au fonctionnement du système de climatisation (refroidissement des serveurs par exemple).
Selon le rapport Clicking Clean publié le 10 janvier 2017, le secteur informatique représente aujourd’hui environ 7% de la consommation mondiale d’électricité, mais pourrait avoir triplé en 2020 pour approcher les 20% évoqués par Damien Ernst.
L’usage d’Internet affecte l’environnement
Pour fonctionner, Internet consomme et a besoin d’énergie électrique: 7 % de l’électricité mondiale alimente les technologies de l’information dont fait partie Internet. Cette énergie sert à faire fonctionner les infrastructures qui sous-tendent Internet. Ces infrastructures sont réparties dans 4 familles. On connait principalement la famille des centres de données.
Mais Internet repose également sur des réseaux de communications, des supports de consultation (ordinateurs portables, tablettes, Smartphones…) et une industrie de fabrication des équipements utilisés dans l’univers d’Internet.
En outre, aussi surprenant que celui puisse être, Internet est une source d’émission de CO2. Une unique recherche sur Google émet 0,2 gramme de CO2. Il en est de même pour la navigation sur un site au design très simple. Chaque seconde passée sur un site sophistiqué génère 300 milligrammes de CO2. L’envoi d’un seul spam produit 0,3 gramme de CO2. L’envoi d’un mail génère 4 grammes d’empreinte carbone: cette opération participe donc à l’émission de gaz à effet de serre.
Aux USA, d’après WordStream, Inc., la quantité de requêtes sur Google engendre une émission de 260 000 kg de CO2 et une consommation énergétique de 3 900 000 kWh. Cela équivaut respectivement à laisser fonctionner un réfrigérateur américain durant 5 400 années et à laver à la machine 5,57 millions de brassées de vêtements sales.
Par ailleurs, selon WordStream, Inc., chaque année, ce sont 62 trillions de spams qui sont envoyés dans le Monde. La quantité de CO2 émise par ce volume impressionnant est égale à celle produite par une voiture qui fait le tour du Monde 1,6 million de fois. D’autres sources évoquent 14,5 billions de spams expédiés quotidiennement à travers le Monde en 2018. L’énergie requise par ces opérations peut alimenter en électricité des millions de foyers et de voitures électriques.
Les objets connectés sont également coupables de polluer l’environnement! Les océans ne sont pas épargnés par Internet: les câbles sous-marins en fibre optique et les nœuds contribuent à la pollution marine et à l’élévation du niveau de la mer.
Les Smartphones utilisés pour naviguer sur Internet créent un rayonnement électromagnétique tout en libérant des signaux radio-fréquence. Lorsque ces deux éléments rencontrent l’atmosphère, leur association favorise la formation des gaz à effet de serre. Elle accentue alors le phénomène du réchauffement climatique.
Aujourd’hui, d’après les statistiques de Kualo, il existe 70 millions de serveurs dans le Monde. La plupart d’entre eux fonctionnent avec des énergies non renouvelables (surtout des combustibles fossiles). Environ 2 % de l’émission des gaz à effet de serre proviennent de ces serveurs.
D’autre part, Kualo révèle qu’en 2020, l’univers d’Internet sera responsable de l’émission de 1,54 gigatonnes de gaz à effet de serre. Ce volume représente 3 % des émissions globales.
Les comportements à adopter pour limiter les effets néfastes d’Internet sur l’environnement
Le recours au cloud computing limite les effets pervers d’Internet sur l’environnement. Cette technologie réduit non seulement l’empreinte carbone d’Internet, mais aussi ses besoins énergétiques. Il faut donc encourager son utilisation auprès des internautes. Quant aux propriétaires de sites Internet, il leur est conseillé d’opter pour des hébergeurs web soucieux de la préservation de l’impact du numérique sur l’environnement.
Il ne sert à rien de collectionner les newsletters. Il vaut mieux se contenter de celles dont on a réellement besoin. D’autre part, il existe des applications web permettant de se désinscrire rapidement et facilement à un grand nombre de newsletters. Par exemple, https://www.cleanfox.io. Autant que faire se peut, il est recommandé de limiter l’usage de la fonctionnalité «répondre à tous» dans les corps de mail.
Il est préférable d’éteindre son ordinateur si on prévoit de ne pas l’utiliser pendant au moins 2 heures. En cas d’absence pour quelques minutes, on n’oublie surtout pas de mettre l’ordinateur en veille. Dans la même veine, il convient de réduire la durée d’inactivité qui enclenche automatiquement l’écran de veille de l’ordinateur. Il faut prendre l’habitude de débrancher son ordinateur portable dès qu’il est chargé.
Il est mieux d’utiliser un Smartphone ou une tablette pour faire des recherches rapides. L’ordinateur fixe et l’ordinateur portable seront ainsi réservés aux recherches nécessitant un grand nombre de documents et la visite de nombreux sites.
Aujourd’hui, des propriétaires de centres de données cherchent à augmenter l’efficacité de ces derniers tout en réduisant le volume énergétique mobilisé (on parle d’efficacité énergétique). C’est le cas de Google et d’Alibaba. Globalement, les grandes entreprises exerçant sur le secteur du Net – dont les géants du net (Gafa) – assument leur responsabilité environnementale. Dans le même temps, ils empruntent la voie de l’approvisionnement durable (utilisation d’énergie propre et d’énergies renouvelables). Enfin, ils mettent en place des solutions pour réduire leurs déchets).
Peut-être que les licornes devraient aussi prendre conscience de l’impact du numérique sur l’environnement?
Quelques impacts positifs d’Internet sur l’économie et l’écologie aux USA
Les données présentées dans ce paragraphe sont celles de WordStream, Inc. Aux USA, l’arrivée d’Internet en 1996 a entraîné une baisse de l’intensité énergétique du pays: entre 1996 et 2005, celle-ci a diminué de 20 %, puis de 8 % entre 2005 et 2009. Lorsque l’intensité énergétique recule, cela signifie que l’économie du pays devient moins gourmande en énergie.
On ne peut analyser correctement l’impact écologique d’Internet sans tenir compte des supports utilisés pour la navigation. Toujours aux USA, l’avènement des tablettes et des Smartphones a engendré une croissance du PIB américain de 2,2 % entre 2000 et 2009. Sur la même période, les besoins énergétiques n’ont augmenté que de 2,2 %. Cette performance est cependant moins admirable que celle réalisée par les ordinateurs de bureau doté d’écrans plats. Entre 1996 et 2000, l’usage de ces appareils a permis une hausse de 4 % du PIB américain avec seulement une augmentation de 1 % de la demande énergétique.
Avant l’ère d’Internet, les ordinateurs fixes à écran cathodique étaient les seuls disponibles. Certes, entre 1992 et 1996, ces équipements ont aidé le PIB américain a augmenté de 3,2 %. Néanmoins, ils étaient énergivores, puisque la consommation énergétique a connu une croissance de 2,4 % sur la même période.
Grâce à Internet, 40 % de la population active américaine sont en mesure d’accomplir leurs tâches professionnelles en restant chez eux. Sur une année, ces 40 % devraient décider de travailler à domicile au moins deux jours par semaine. Il en résulterait une réduction des émissions de carbones de 53 millions de tonnes métriques. Cela revient à ne plus mettre en circulation 10 millions de voitures.
Malheureusement, seulement 2 % de la population américaine pratiquent le télétravail.
C’est dommage pour l’impact du numérique sur l’environnement, mais aussi pour la performance des entreprises : la productivité en télétravail est de 25 % à 40 % supérieure à celle d’un travail au bureau.
Je vous conseille aussi de lire l’excellent article de Mallys « Quelques gestes à adopter pour être écolo sur Internet« , le geste que je préfère « Faire des pauses digitales ». Ainsi que l’article de Christophe Courtois « Comment réduire la pollution numérique en pratiquant l’écologie digitale à son niveau ? »
Une infographie de RFI qui résume la pollution numérique en chiffres:
Et pour entamer une Digital Detox: